Ma chère Alice,
Je ne sais si tu te souviens, c'est avec toute ma colère refoulée et mon
désespoir que je suis arrivée un jour de décembre 2001 sur ton site
alice-miller.com. Je venais de lire "Libres de savoir".
Je me suis plongée dans ton éditorial, j'ai lu, relu, décortiqué tous les textes
publiés. J'étais à la recherche de la faille, la faille qui m'aurait prouvé
que tu étais comme les autres et qu'au final ce n'était pas vrai
que l'on pouvait dire sur le sujet interdit
parce que personne ne voulait entendre la souffrance de l'enfant blessé.
Tu avais écrit "et même si la société toute entière n'entend
pas..." et ces mots là, ils m'avaient vraiment parlé.
Mais ma méfiance a continué à jouer son rôle,
j'ai observé ton forum, un mois durant, ce qui se disait, ce qui se répondait, tes interventions.
Et puis un jour je me suis lancée, j'avais décidé de donner un peu de ma confiance et j'ai écrit
un court message, puis un autre, et encore un autre, et ce fut une déferlante,
je disais et pour la première fois de ma vie quelqu'un m'entendait, me répondait, me prenait au sérieux.
J'avais rencontré enfin, dans ce monde, des personnes qui comprenaient ce dont je parlais. Ce fut pour moi
la fin d'une solitude infinie, le début de la vie.
Aujourd'hui je suis tellement triste, j'ai perdu une soeur, une soeur formidable qui a su entendre
de quoi parlait l'enfant blessé jadis, qui a su comprendre et expliquer au monde les souffrances de cet enfant.
Tes textes et tes livres sont si précieux, ce sont des déclencheurs de vie.
Alice, merci, merci pour ce cadeau immense.
©
Patricia Lacombe - 26 Avril 2010