Question cerveau...


Que se passait-il dans mon cerveau d'enfant lorsque je recevais des coups de la part de l'adulte?

Surprise, les coups tombent, les mots crient, mes oreilles sont saturées.
Frayeur, incompréhension, qu'est-ce que j'ai fait?
Electrochoc, mon cerveau se fige, confusion totale, plus de repère dans l'espace, plus de repère dans le temps,
je suis perdue, sensations étranges et pilotage automatique.
Dans mon cerveau, c'est froid et c'est noir.
Temps de récupération de mes facultés mentales plus ou moins long.
La chaleur et la lumière reviennent peu à peu dans mon cerveau.
Parfois réactions plus ou moins étranges, plus ou moins compréhensibles, à plus ou moins long terme.


L'adulte frappe toujours avec sa force d'adulte en colère, en rage, il ne contrôle pas sa force.

Les coups provoquent des traumatismes psychiques chez l'enfant.

On connaît les graves conséquences d'un traumatisme psychique vécu par l'adulte.

On peut imaginer avec horreur ce que représente un traumatisme psychique vécu par un enfant
qui n'est pas reconnu comme victime d'agressions,
dont le cerveau est en construction,
qui n'a pas la capacité d'expliquer avec des mots,
qui ne comprend pas ce qui lui arrive,
qui est finalement tout seul avec sa souffrance...
c'est terrifiant.

Dans ma vie d'adulte, chaque situation similaire ou chaque rencontre avec un élément de l'un des multiples traumatismes déclenche
la même frayeur,
la même incompréhension,
le même électrochoc,
la même confusion,
les mêmes sensations,
le même pilotage automatique,
les mêmes symptômes.

Quand va-t-on établir le lien entre les coups physiques reçus par les enfants et les traumatismes psychiques qu'ils produisent?

Quand va-t-on prendre en compte sérieusement les conséquences de ces traumatismes dans la vie de l'enfant?

Notre société déploie des aides pour les victimes d'agression, de viol, d'attentats, d'accidents collectifs, de guerre...  mais
ignore tranquillement les enfants et leurs traumatismes répétés,
les abandonnant à la plus grande des solitudes.

C'est inhumain.

 

                                                      ©    Patricia Lacombe - Avril 2008